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CUBA, LES CLUBS & CABARETS QUI ONT FAIT L'HISTOIRE.


 

SANS SOUCI

LA HAVANE

 

Le SANS SOUCI est un des plus anciens cabarets de La Havane. Situé à l'extérieur de la ville il attire dès la fin de la seconde décennie du XX° siècle la bourgeoisie blanche de la capitale cubaine. Les touristes américains qui traversent en ferry le détroit séparant Miami de Cuba ou ceux venant de ville plus au nord sur la côte Est des Etats Unis y compris de New York sont aussi des visiteurs et des clients assidus.

 

Dès les années trente le SANS SOUCI devient l'un des cabarets les plus fréquentés de la capitale et offre shows et formations musicales de premier plan. Le "SEPTETO NACIONAL " y joue dès 1930. Les orchestres étrangers s'y produisent : la formation argentine de Lucio Demarre se présente avec son répertoire de tangos la même année.
Mais incontestablement ce sont les "HERMANOS PALAU" qui en deviennent la vedette à la fin de la décennie. Pendant plus de vingt ans ils seront régulièrement à l'affiche du cabaret. Les "HERMANOS LEBATARD" y auront également leurs heures de glore à la fin de la décennie et pendant les années quarante.


1937. L'orchestre Hermanos Palau au Sans Souci.
Photographie Collection Luis Palau
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Au cours de la décennie suivante l'ensemble des cabarets continue de se développer pour animer les nuits havanaises fréquentées par la bourgeoisie cubaine et les touristes américains. La mafia a fait main basse sur de nombreux hôtels et casinos. Le SANS SOUCI appartient à l'un des mafiosi, Santo Trafficante Jr, qui fait prospérer le lieu. Le cabaret peut présenter plusieurs formations chaque nuit dont l'une anime les shows et l'autre fait danser le public.
Le "BELLAMAR" dirigé par Armando ROMEU Jr. est la formation attitrée du SANS SOUCI. Elle comprend les meilleurs solistes cubains et se maintient jusqu'à la fermeture provisoire du lieu en 1942.

 

Cette interruption est due aux conséquences de la guerre et à la raréfaction des touristes. Les tables de jeu ne rapportent plus suffisamment. Toutefois après quelques mois les affaires redeviennent prospères et le SANS SOUCI ouvre de nouveau ses portes mais la concurrence devient rude avec le TROPICANA et, durant les années suivantes, la compétition entre les deux cabarets va devenir farouche. Les deux casinos se livrent une guerre sans merci tandis que les shows rivalisent d'audace.

Les meilleurs orchestres sont aussi conviés et le SANS SOUCI et le TROPICANA doivent se les partager au grand bonheur des musiciens qui tirent profit de cette concurrence. En 1950 la formation de PÉREZ PRADO y est programmée.

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Alors que le TROPICANA n'a pas encore inauguré son salon Arcos de Cristal, le SANS SOUCI reste le plus fastueux et impressionne le milieu artistique et le public avec la production Sun Sun Babae en 1952, rassemblant autour de Merceditas VALDÉS et Celia CRUZ de nombreux percussionnistes issus des solares comme TORREGROSO, Jesús PÉREZ, Francisco AGUABELLA...



La production Sun Sun Babae avec Merceditas Valdés, Aguabella... Photographie Spiro.

A la même période la danseuse Katherine Duham passe au Sans Souci et entraîne dans sa troupe l'un des atouts du cabaret, le percussionniste Francisco AGUABELLA..

Le début des années cinquante est aussi marqué par la "guerre des modelos". Les deux cabarets cherchent à engager les danseuses et mannequins les plus attractives qui elles-mêmes investissent les pages des revues de la farandula. Le SANS SOUCI compte sur María del Carmén RIGOT, Mary GATTORNO, Linda LEMAY, Kitie de CARLO, Orquidea LEE... Quelques unes sont de véritables vedettes.


L'orchestre de Rafael ORTEGA avec le saxophoniste Jesús CAUNEDO est engagé en 1954. En 1955 Charles RODRÍGUEZ et son orchestre reviennent du Pérou pour se présenter au SANS SOUCI et l'année suivante le cabaret fait venir Xavier CUGAT et sa formation puis "Chico" O'FARRILL qui accompagne "Las d'AIDA" avec un enregistrement en vivo. La populaire actrice et chanteuse américaine Dorothy Dandridge reste à l'affiche tout un mois cette année-là. La danseuse et showwoman cubaine Olga CHAVIANO y triomphe au milieu de la décennie.
"Los HERMANOS PALAU" reste une des formations régulièrement présentée par le cabaret lors de cette décennie et "Benny" MORÉ y chante également.

Los Hermanos Palau au Sans Souci au cours des années cinquante. Collection Luis Palau.

Dans la seconde moitié des années cinquante le public du cabaret voit apparaître le grand Lucho Gatica et peut aussi apprécier régulièrement l'ensemble de César PORTILLO de la LUZ.

En 1956 le show Bamba Iroko, le chanteur américain Tony Martin, les "Goofers", les "Mellow Larks" et "The Treniers" ainsi que les modelos Alice M. ALBORT, Nancy LÓPEZ et Hilda FABIOLA font le succès du cabaret.

A la même époque Rolando LASERIE est chargé de diriger l'orchestre du cabaret et parmi ses musiciens figure le pianiste Rubén GONZÁLEZ. L'un des grands moments de cette époque reste la venue en 1957 de Sarah Vaughan et de ses musiciens qui s'achève par plusieurs descargas dont l'une au SANS SOUCI même avec Sarah, son trio et les musiciens cubains présents ou venus en curieux: ACOSTA, de los REYES, CHAO, Franck EMILIO...


Roy Haynes, Richard Davis, musiciens de Sara Vaughan et, attentifs, Acosta et Zequeira. Collection L. Acosta.

Le "Cuarteto Las d'AIDA" est de nouveau à l'affiche de l'année 1958, année où le cabaret présente les shows Sabor et Souvenir d'Haïti du chorégraphe Victor Álvarez avec Martha Jean Claude, Nancy ÁLVAREZ, "ANA GLORIA y ROLANDO " et dans laquelle débute Orquidea LEE. La danseuse Mary GATTORNO et le chanteur américain Tony Foster sont au programme en même temps que les revues Yimbula et Carnaval Caribe à laquelle succède Sans Souci Follies. Les productions de l'année comptent sur les modelos et danseuses Kari RUSSI, Miriam BARRERA, Yolanda VALE, Lourdes RAMANN, Gloria ALONSO et la grande Laureanne LEMAY se présente durant deux semaines.


Cette année se tient le concours de beauté qui est organisé chaque année par un cabaret différent. Le casino fonctionne à plein rendement et l'on atteint toutes les follies. Le bingo offre en lot une Chrysler Imperial


Le Cuarteto Los Cavaliers à l'affiche du cabaret en 1957.

L'arrivée des Barbudos dans la capitale sonne le glas pour le SANS SOUCI et surtout pour ses dirigeants corrompus qui s'enfuient très rapidement Au cours des premiers jours de 1959 le casino du SANS SOUCI subit le même sort que la plupart de ses semblables et d'importantes dégradations y sont commises.
Le début de l'année est toutefois marqué par la présentation d'une nouvelle production Tangolandia et la participation du batteur, percussionniste et chanteur Rolando LASERIE.

 

© Patrick Dalmace

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